A jamais et de tout temps

A jamais et de tout temps

Résumé : «Chaque personne est unique. Mais tout le monde a une quête. L’amour, la vengeance ou le bonheur tout simplement. Cette quête nous permet de nous sentir vivant.

Suivez une femme au cœur brisé assoiffée de vengeance, un clochard qui nous regarde nous débattre avec nos craintes ou un enfant qui sait qu’il y a toujours quelqu’un pour nous aider. Encore faut-il être prêt à le laisser faire… L’homme court toujours après quelque chose et cela continuera, à jamais et de tout temps.»

Le mot de l’éditeur : Les hommes et les femmes courent toujours après quelque chose et cela continuera, à jamais et de tout temps.

Avec une écriture soignée et agréable à suivre, Charlotte Boyer nous dépeint des tranches de vie magiques et tragiques.

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EXTRAIT :
in, A toi de voir, Acte II.

«Je sortais simplement pour prendre l’air… Mais c’était plus que ça sans que je ne le sache. Étrangement, la rue principale était déserte. Douloureusement, je ressentais ce vide mais le sentais préférable. Et puis, alors que mes pas devenaient moins longs, plus détendus, les passants commençaient à se montrer. Il y avait tout d’abord le petit vieux et son chien. C’est étrange de voir le monde si différent quand tout va mal ou au contraire quand tout va bien ! Il y a ce « je-ne-sais-quoi » qui fait toute la différence. C’est peut- être notre cœur qui nous fait voir les choses sous une certaine forme… Non, ça ne peut pas être ça, je n’ai plus de cœur ! Comment voyait-il cette journée lui ? Comme les autres ? La vue d’un couple au loin me fit arrêter de penser à cette horrible question. D’ailleurs, je peux vous dire monsieur, qu’aujourd’hui, je connais la réponse. Mais tant pis. Elle ne me sert plus comme elle ne lui servira jamais… Les couples que l’on croise dans la rue sont si beaux et si tendres que l’on n’ose pas les déranger dans leurs chimères ! Celui-là était de la catégorie des « méchants ». Il était beau, attachant même… Il faisait rouler son amour le long du trottoir. La vie lui souriait tant que leurs cœurs se liaient. Je préférais ne pas trop les regarder. Je savais ce qu’ils valaient. La Terre s’était arrêtée de tourner pour moi et chacun semblait heureux de la position dans laquelle elle se trouvait.

Inconsciemment ou non, je passais et repassais dans les lieux qui nous avaient vus nous aimer. Les souvenirs remontaient à la surface. J’avais ce doux sentiment du passé devenant présent… Mais il manquait quelque chose. J’avais l’impression de penser à l’envers ! Il me manquait quelque chose mais je voulais en supprimer une. Finalement, les plus beaux souvenirs devinrent des tortures. Je préférais voir les mauvais quartiers de la ville. Par plaisir de prendre des risques ? Non, je ne crois pas. Que l’on soit heureux ou dans le plus profond des gouffres, la misère humaine nous touche. Mais, est-ce qu’elle le touchait ? Il était étrange ce petit jeu dont je subissais les règles : en couple, je croyais le connaître parfaitement et abandonnée, il n’était plus qu’un inconnu qui poussait la porte de ma curiosité mais à qui je souhaitais qu’il s’y coince les doigts !

La gare ! Cette idée me glaça tout en me rassurant ! C’était là que je devais aller si je voulais voir l’Amour se fendre et se meurtrir. A l’heure qu’il était, je ne pouvais y trouver que des couples qui se disent « au revoir ». Personne n’allait y rejoindre sa prétendue âme sœur.

Comme dans toutes les villes, il fallait traverser des endroits « craignos » pour atteindre la gare. Je ne croisai rien qui ne me fit ajouter quelques idées diaboliques sur l’Amour. Une chance ? Je peux vous dire que cela n’a rien changé… Je voulais juste que les effets du temps sur mon cœur surviennent immédiatement. C’était impossible. Je crois que si ma peine a disparu à l’instant où je vous parle, c’est grâce à ce que je vais vous dire maintenant.

Je me posais bien trop de questions depuis la veille. J’avais mal à la tête, au cœur. Je ne vivais plus, je survivais. Comme le ferait un zombie, je me dirigeai près des bus. Le premier qui passa fendit ma dernière pensée. Je ne saurais vous dire qu’elle était elle mais j’en ai ma petite idée. Vous aussi, j’en suis sûr. Je l’arrêtai et montai à bord. Pour la première fois de la journée, j’agissais comme d’habitude. Je disais « bonjour » au chauffeur et m’asseyais. Je savais dans combien d’arrêts j’allais descendre. La différence était que je ne ressentais aucun stresse, rien ! J’étais consciente que j’allais chez lui mais que je n’y trouverais rien. Ni amour, ni compréhension. Une journée presque comme les autres ! Là où il habitait, la misère était dissimulée ! Tout le monde souriait hypocritement et le malheur se cachait derrière les portes closes. Je savais où descendre, où aller. Mais je ne savais pas quoi faire ni quoi dire. J’aimerais vous dire que c’est le Destin qui a fait qu’il me croisa finalement devant sa maison mais si celui-ci nous a fait nous rencontrer, il nous a fait nous séparer… Donc, il n’existe pas ! Je croyais lire dans ses yeux de la tristesse et de la douleur. J’aurais été armée d’une bombe que sa réaction n’aurait pas été plus claire ! Il était sous le choc. J’étais ravie de mon effet. Mais sa voix prononça les mots les plus doux : « Rentrons à l’intérieur si nous avons besoin de parler. ». Sa douceur était écœurante. Il lisait la noirceur, le délire dans mon regard. Il avait maintenant peur ! Mais je voulais qu’il me supplie, qu’il s’excuse. Il ne l’a pas fait. Mélangé à cette horrible vérité que je le connaissais parfaitement et donc que je savais que je n’obtiendrais jamais ce que je voulais, j’acceptai de rentrer chez lui.

Le coucher du soleil de cette journée particulière était notre ultime lumière…»

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